La courbure et la rigidité du mat sont les 2 principaux éléments qui permettent de caractériser un mat.
Définition de la courbure
Grossièrement, ce que l'on appelle la courbure d’un mat est la forme que le mat prend lorsqu’il est soumis à une flexion.
En effet, lorsque l’on grée une voile et que l’on étarque au guidant, on exerce une force de compression entre la base et le top du mat. Il en résulte une déformation du mat qui se cintre en format une courbe dépendant de sa construction.
Mat sous contrainte de compression
Si le mat était un cylindre parfait, il se cintrerai en format un arc de cercle parfait. Compte tenu des différences d’épaisseur le long du mat et des différences de diamètre, tous les mats se cintrent en formant une courbe plus fermée sur le haut que sur le bas. Mais évidemment, chaque mat a sa propre courbure.
Quelle influence la courbure a t-elle sur la voile ?
La courbe que forme le mat a une influence directe sur la forme de la voile, et essentiellement sur les répartitions de volume (ou creux) de cette dernière. Pour comprendre cette influence, prenons l’exemple d’une voile carrée parfaitement plate et regardons ce qu’il se passe lorsque l’on cintre le mat.
Influence d'une sous ou sur-courbure
Dans l’exemple ci-dessus, nous avons pris un carré de tissus plat initialement prévu pour être soutenu par un mat droit. Si nous exerçons une sur-courbure à ce mat (par rapport à position neutre), nous observons que le tissus se détend sur le bord de fuite (cas de droite). Au contraire, si nous exerçons une sous-courbure à ce mat (par rapport à position neutre), nous observons que le tissus forme un creux (cas du milieu). Evidemment, ce cas est simpliste puisque nous avons pris pour exemple un tissus conçu pour être plat à l’origine alors qu’une voile possède du creux sur le bas, et une chute déversante sur le haut.
3 exemples de répartition de creux
Si l’on extrapole à partir de ce cas simpliste, on comprend très vite ce qu’il se passe lorsque la courbure du mat n’est pas exactement celle prévue par le fabriquant de la voile. En effet, chaque voile est conçue pour être gréée sur un mat donné (en général celui de la marque). Lorsque la voile est gréée sur ce mat, la voile possède une répartition de creux conforme à ce qui a été prévu par le concepteur. Si on utilise un mat différent, les répartitions de creux seront non conformes. Ceci peut avoir des conséquences à la fois sur les performances et sur l’agréement de navigation (tenue dans les rafales, facilité de départ au planning).
courbures
Voici 3 courbures de mat : une courbure moyenne (2), un mat plus couple en tête (3), et un mat plus raide en tête (1).
Imaginons une voile conçues pour un mat de type 2.
Si nous la gréons sur mat de type (1), la voile va perdre son creux dans la partie basse, et va avoir du creux en tête (dans la zone où la voile doit normalement ouvrir). Dans cette configuration, c’est clairement in-naviguable.
Si nous la gréons sur mat de type (3), la voile va avoir trop de creux dans la partie basse, et va une chute trop ouverte. Dans cette configuration, la voile va avoir tendance à beaucoup tirer dans les bras, mais va manquer de relance et de passage dans les molles.
On comprend donc clairement l’importance qu’à le respect de courbure de mat recommandée par la voilerie ayant conçue la voile. Compte tenu de ce que nous venons de voir, il est très important de pouvoir caractériser la courbe d’un mat afin de déterminer les associations Mat / Voiles pertinentes.
Mesure de courbure et rigidité
La courbure et la rigidité des mats sont mesurées grace à une installation spécifique qui va permettre de cintrer le mat et de mesurer la courbe résultante.
le mat sur la machine de mesure
résultat d'une mesure de courbure
Le contrôle précis de la courbure doit impérativement passer par une mesure de la courbure en plus de points. Dans la majorités des cas, les marques de mat travaillent avec 3 mesures (1/4, 1/2 et 3/4 de la distance du mat).
Chez REPTILE, toutes les comparaisons et contrôles effectués sur les courbures de mat sont fait en 10 points comme le montre l’écran ci contre.
Pour réaliser cette mesure, une tête de mesure parcours l’intégralité du mat pour effectuer une mesure ultra précise.
Système de mesure des déplacements
Pour caractériser le type de courbe, la plupart des fabricants utilisent uniquement 2 valeurs :
Déflection au 1/4 de la base / déflection au milieu X 100 = valeur de la base en %.
Déflection au 1/4 de la tête / déflection au milieu X 100 = valeur de la tête en %.
De façon générale, les valeurs obtenues se situent aux environs de 64% pour la base du mât et 76% pour la tête. Ces valeurs nous permettent d’évaluer si le mât possède une courbe de type constant (courbe presque constante), de type « flextop » ( tête très flexible) ou un compromis entre les deux.
À titre de référence, voici les valeurs obtenues :
Courbe constante ou « constant curve » 64% (base) 76% (tête)
Courbe combi 63% (base) 78% (tête)
Courbe « flex top » 62% (base) 82% (tête)
Voici les courbures réelle mesurées en 10 points sur les mats REPTILE, du bas jusqu’en haut en %
Python RDM : 21, 44, 63.5, 82, 93, 100, 93, 77, 55, 0
Green Mamba SDM: 20, 42, 63, 79, 92, 100, 94, 79, 56, 0
Ceci permet de vérifier que le Reptile SDM a bien une courbure identique aux mats pryde (mesurés entre 63/78 et 63/80 suivant les séries), alors que le RDM reprend exactement les valeurs mesurées sur les mats North et Loft, et s’approche de très près de celles mesurées sur Gun, Naish, Simmer, HotSail et Xo. On s’éloigne par contre notablement des valeurs relevées sur Gaastra, Point 7, Severn, Maui Sail, Challenger.